Décès de Mark-Oliver Goerbig

Le Laboratoire de Physique des Solides est en deuil. Il vient de perdre un de ses membres majeurs. Mark-Oliver Goerbig, chercheur du groupe Théorie, nous a quittés brutalement mardi 2 septembre, à l’âge de 50 ans. C’est un immense choc pour notre communauté, ce décès signe la perte d’un des meilleurs scientifiques de sa génération et d’une personnalité humaine chaleureuse et charismatique.

Mark est né à Hambourg. Après sa scolarité en Allemagne, il rejoint Paris pour effectuer maîtrise, licence et magistère. Il rejoint le LPS en 2001, pour travailler avec P. Lederer sur les effets Hall quantiques, thèse co-dirigée avec Cristiane Morais Smith, professeure à l’Université de Fribourg. Il entre au CNRS en 2005 et devient directeur de recherche en 2015. Depuis 2012, il était professeur chargé de cours à l’Ecole Polytechnique.

Mark cumulait les responsabilités du plus haut niveau. Que ce soit de formation, au travers de l’enseignement dans deux masters et à l’école polytechnique, de son rôle à l’école doctorale Physique en Ile de France, de la direction et structuration du GDR Physique Mésocopique et de la direction de sessions aux écoles de Cargèse et des Houches. Il animait le groupe Théorie du LPS et était un membre influent et reconnu du conseil de laboratoire. En raison de sa réputation de pédagogue et de son savoir, Mark était sollicité par de nombreux étudiants désireux de démarrer un stage, une thèse, un post-doc sous sa direction.

Il était impliqué dans plusieurs programmes de recherche internationaux et avait établi de nombreuses collaborations scientifiques à l’échelle du laboratoire et plus largement de la France ainsi qu’à l’étranger, qui l’amenaient à attirer un nombre conséquent de visiteurs.

Sa réputation scientifique en théorie de la matière condensée, s’est assise sur son expertise de la physique du graphène, de ses dérivés — tels les dichalcogénures de métaux de transitions et plus largement des propriétés électroniques des semi-métaux de Weyl ou de Dirac, notamment sous champ magnétique intense. Ceci l’avait naturellement conduit à s’intéresser aux propriétés topologiques des matériaux, que ce soit sous l’angle des phases de Berry pour la partie électronique ou des textures magnétiques (skyrmions) pour la partie spin. Il attachait une grande importance à mettre en rapport théorie et expérience, si bien que les co-auteurs de ses articles venaient régulièrement de ces deux communautés.

Tous ceux qui ont interagi avec Mark ont été frappés par sa grande culture scientifique, la clarté de son jugement, son intuition scientifique hors pair, son aisance mathématique remarquable, sa capacité de travail inépuisable, son don pour la vulgarisation et son intérêt aigu pour les résultats expérimentaux. A cela s’ajoutait des qualités humaines qui ont fait de lui un animateur remarquable des équipes scientifiques avec lesquelles il travaillait. Très généreux de ses idées et de ses intuitions physiques, Mark aimait beaucoup encadrer et stimuler les jeunes chercheurs… et les moins jeunes.

Mark avait participé il y a quelques années à un projet de vulgarisation pour raconter sa vie de chercheur théoricien. Voici quelques-uns de ses témoignages dessinés, dont vous pourrez retrouver l’intégralité ici.

Mark était un musicien accompli, associé à plusieurs orchestres, que ce soit sur le campus d’Orsay (notamment au LPS) ou en famille où il jouait du violon et de l’alto. Il n’aimait rien tant que de découvrir de nouveaux morceaux de musique ou compositeurs. Mark était fin connaisseur des arts culinaires et de l’œnologie et adorait partager son savoir avec ses collègues et amis.

Son arrivée dans le couloir où se situait son bureau ne passait pas inaperçue : elle était précédée de ce rire si tonitruant et caractéristique. Chacun se souvient … Mark va beaucoup nous manquer.