Le Laboratoire de Physique des Solides a été fondé par André Guinier, Jacques Friedel et Raimond Castaing en 1959 sur le campus d’Orsay, acquis en 1955 par le ministère de l’Éducation Nationale. Il a été associé au CNRS en 1966. André Guinier a été, en 1958, le premier vice-doyen du centre scientifique d’Orsay, à l’époque annexe de la Faculté des Sciences de Paris.

Le Laboratoire de Physique des Solides s’est installé dans le bâtiment 210, construit pour l’École Normale, avant de déménager en 1970 dans le bâtiment 510 construit pour lui sur le plateau du Moulon et qu’il occupe encore actuellement.

Ces trois fondateurs, ainsi que Pierre-Gilles de Gennes qui a passé 10 ans (1961-1971) au laboratoire et reçu le prix Nobel de Physique en 1991, ont imprimé aux recherches trois caractéristiques encore présentes actuellement : mettre en symbiose les propriétés électroniques, magnétiques, optiques et mécaniques avec les problèmes d’organisation de la matière (les structures avec leurs imperfections), coupler l’expérience avec la théorie et développer une instrumentation scientifique originale pour répondre à ces questions. Dans ce même état d’esprit, André Guinier et Jacques Friedel ont créé avec Pierre Aigrain, dès 1955, un des premiers diplômes de « Troisième Cycle d’Enseignement Supérieur » en physique des solides.

Le laboratoire a été très associés aux progrès en métallurgie liés à la notion de dislocation, introduite en France par Jacques Friedel et ses élèves, avec la trilogie : théorie, observation dans l’espace réel (microscopies) et réciproque (diffraction). C’est cette culture qui a ouvert des investigations à de plus larges domaines de la matière dense et a conduit à la formation d’une école originale de classification géométrique des défauts (dislocations de rotation ; réseaux de courbure, amorphes et quasi-cristaux ; réseaux de torsion et phases bleues ; …) et de l’étude de leur organisation dans des phases ordonnées complexes.

On retrouve de nos jours cette façon d’aborder l’étude de la matière condensée dans les trois grands axes de recherche du laboratoire : les « nouveaux états électroniques de la matière », les « phénomènes physiques aux dimensions réduites » et la « matière molle et interface physique-biologie ».

Le 10 décembre 2007, Albert Fert a reçu des mains du roi de Suède, la médaille et le diplôme du prix Nobel de physique pour ses travaux sur la magnétorésistance géante. Les travaux du professeur Fert ayant conduit à la découverte de la GMR ont été menés au sein du Laboratoire de Physique des Solides d’Orsay, et ont notamment donné lieu à l’une des dix publications les plus citées de la revue Physical Review Letters :
M. N. Baibich, J. M. Broto, A. Fert, F. Nguyen Van Dau, F. Petroff, P. Etienne, G. Creuzet, A. Friederich, et J. Chazelas, Giant Magnetoresistance of (001)Fe/(001)Cr Magnetic Superlattices, Phys. Rev. Lett. 61, 2472, 1988.

Le bâtiment 510 s’enorgueillit aussi de posséder sur son toit une magnifique cafétéria dont la construction a été financée par deux importants prix scientifiques obtenus en 1966 par Raimond Castaing (prix du Crédit Lyonnais) et en 1967 par André Guinier, Jacques Friedel et Pierre-Gilles de Gennes (prix Cognacq-Jay).
L’amphithéâtre André Blandin possède aussi sur deux murs extérieurs un panneau décoratif en plaquettes de marbre éclaté réalisé en 1970 par l’artiste peintre belge Raoul Ubac et financé, au titre du « 1% Malraux », par le ministère des Affaires Culturelles.

Quelques références sur cette période :

  • « Orsay, un jardin pour la science » par P. Brouzeng, C. Coudray, R. Marx et H. Sergolle (EDP Sciences, 2005).
  • « Les 100 plus belles découvertes d’Orsay : 1955-2005 » présentées par R. Bimbot et al. (Vuibert, 2005).